Covid-19, les petits plaisirs de la rurale
Depuis plusieurs jours, installés sur la terrasse pour le repas du soir tandis que l’étoile du berger s’installe pour appeler le pastre à rentrer ses moutons, nous entendions de drôle de détonations. Ce n’était pas un oiseau, ni les chats, ni les grillons ; un bruit impossible à identifier.
Ce n’est que plus tard que nous avons compris l’origine du phénomène. Juste à côté de nous, la grosse touffe d’acanthe que nous avions observé et soigné tout l’été, prenait des allures automnales. Ses grandes hampes avaient d’abord poussées, fleuries puis progressivement séchées. L’an dernier nous avions vainement guetté les graines, ne trouvant que des gousses vides.
C’est le soir, que la capsule arrivée à maturité explose avec un bruit sec ! Le mystère était éclairci ; notre amour pour cette plante extraordinaire toujours aussi intact.
Nous avons coupé les hampes et les avons emprisonnées dans un sac la tête en bas. Ainsi en dégustant notre repas, nous entendons toujours les explosions. Nous allons pouvoir distribuer des graines aux amies, amis.
L’acanthe est une plante magique pour qui aime observer et écouter la nature. C’est encore plus vrai pour les contemplatifs qui se satisfont de peu en ces temps troublés par le virus Covid-19.
Je comprends que les grecs considéraient l’acanthe comme une nymphe ; que lorsque Apollon voulut l’enlever elle le griffa au visage ; que la feuille d’acanthe soit devenue le symbole des édifices du corinthien, des romains et des byzantins.
J’avais ramené ce petit pied d’acanthe, lors d’un séjour à Garonne, exactement à Layrac où elle prolifère. Elle a mis du temps à s’adapter au calcaire et à la sécheresse ardéchoise ; maintenant elle fait partie de notre quotidien.
Merci à nos amis Janine et Gély pour nous avoir fait découvrir cette merveille.
Il y a dans mon jardin toutes sortes de plantes ramenées de voyage : un baobab scorpion de Chinguetti, des cactus d’Essaouira, un palmier des bords de Méditerranée ainsi que quelques cranes de chameaux et de chevaux, des os ramassés dans le désert du côté d’Atar.
C’est une balade à travers mon existence, les marques indélébiles de mes déambulations.
Cela fait partie des petits plaisirs de ma vie de rurale ; ceux que chacune, chacun peut s’offrir.