L’Enfant Cheval de Rupert Isaacson
L’Enfant Cheval de Rupert Isaacson
Un voyage pas comme les autres
Le petit Rowan est diagnostiqué comme autiste à l’âge de 2 ans. Dès lors les parents, Rupert et Kristin, essaient toutes sortes de thérapies : la chélation, le Valtrex, l’orthophonie, la thérapie occupationnelle, les modifications de son alimentation, l’AAC analyse appliquée au comportement… rien ne convient à l’enfant.
Seul le galop sur le dos de la jument Betsy lui apporte du soulagement. Le miracle se reproduit à chaque fois que Rowan est en contact avec un cheval : tête baissée, regard doux, paupières mi-closes, expression adoucie, le cheval remue les lèvres, lèche, mâchouille et se soumet au gamin comme au mâle dominant, au chef du troupeau.
Rupert et Kristin lisent tout ce qui paraît sur le sujet. Le docteur Temple Grandin leur confirme dans Ma Vie d’Autiste que les autistes et les animaux pensent par images et qu’il est possible de comprendre l’esprit autiste en étudiant les animaux, et vice versa.
L’incontinence physique et affective de Rowan continue, à 6 ans il n’est toujours pas propre.
Un jour, une chamane russe de Sibérie suggère à Rupert de baigner son fils dans des eaux sacrées. Rupert Isaacson a beaucoup voyagé : il a escorté la délégation bushman aux Nations Unies, fait se croiser les tribus indiennes d’Arizona, les Hopis et les Navajos qui avaient réussi à obtenir des droits sur leurs terres, au moins sur le papier ; il a prié dans une hutte à sudation en compagnie de quelques Navajos, mangé des vers mopane et des fourmis ailées au Botswana… Alors cette idée d’eaux sacrées fait son chemin.
Il entend parler du lac Sharga qui se trouve au bout du monde, bien au delà d’Olan-Bator, la capitale de la Mongolie.
Drôle de hasard, le cheval, Equus caballus, a évolué à l’aire glaciaire quelque part dans l’immense steppe de Mongolie. Des études révèlent que le mot « chaman » lui-même, qui signifie « celui qui sait », est né dans le sud de la Sibérie, dont une partie descend dans le nord de la Mongolie.
Grâce à des échanges de mail, Tulga spécialisé dans les voyages inhabituels parle d’un guérisseur très puissant chez les Tsaatans, un homme du nom de Ghoste qui vit très au nord, dans la partie mongole de la Sibérie. Les campements d’été de son peuple se déplacent avec les troupeaux de rennes dans les hauteurs d’une chaîne de montagnes de plus de trois mille cinq cents mètres d’altitude.
Les dés sont jetés. Prêt à tout pour guérir Rowan, Rupert décide de partir là-bas avec sa femme Kristin et une équipe de tournage.
Ils rencontrent d’abord neuf chamans à Olan-Bator puis se mettent en route, à cheval, vers le peuple du renne.
Ils traversent le territoire des Tsaatans, dans la forêt à haute altitude où des crânes de chevaux sont cloués aux troncs des grands pins et des mélèzes en hommage au seigneur des Montagnes
Ils découvrent Ghoste après un exténuant voyage. C’est un homme mince et robuste comme la plupart des nomades, avec un beau visage hâlé dont les rides trahissent les années de travail en plein air dans la steppe, été comme hiver.
Pénétrer dans sa yourte c’est comme pénétrer dans un autre monde : l’odeur forte, presque écœurante, du ragoût de chèvre fumant sur le poêle en métal placé au centre de la tente ronde, les magnifiques motifs bleu et jaune peints sur la commode et les deux lits de bois de part et d’autre. En guise de bienvenue, un bol d’airag, le fameux lait de jument fermenté, élément de base tant de la survie que du plaisir dans la steppe mongole.
Ghoste diagnostique une maladie d’homme blanc : l’autisme. Puis il sacrifie le renne, fait des signes sur la colonne vertébrale de Rowan en donnant des petites chiquenaudes vers le nord ou vers l’ouest comme pour se débarrasser de quelque chose de désagréable.
Le livre s’achève par une sorte de pèlerinage à Khustai où vivent les takhins : les premiers chevaux sauvages de Mongolie,.
Puis vient le retour à Londres, Rowan devient enfin propre, se fait des amis, apprend à lire…
Rupert rédige son parcours, apprend à son cheval à danser littéralement sous son corps et ouvre un centre d’équithérapie pour aider les gamins atteints de troubles envahissants du développement.
Bravo pour cette prouesse. Bravo d’en faire profiter les parents et les enfants en souffrance.