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Jim Fergus : Mille femmes blanches

5 Mars 2014 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet Publié dans #j'ai lu

Mille femmes blanches de Jim Fergus

500 pages d’un roman haletant. L’auteur, imagine à travers un fait authentique, l’histoire d’une femme qui a été donnée aux Indiens.

Retrouvant le carnet de son ancêtre soi-disant dérangée, partie à l’Ouest vivre avec les Indiens, le narrateur prend un congé sans solde, va jusqu’à la réserve indienne de Tongue River, au sud-est du Montana, sur les traces de son aïeule et mène l’enquête.

Effectivement, en 1874, le chef et grand homme-médecine cheyenne Little Wolf rencontre le chef d’État Grant à Washington et lui fait une drôle de proposition : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pou favoriser l’intégration du peuple indien !

May Dodd, une femme libre, vit hors mariage avec Harry et ses deux enfants : Hortense et William. Pour cela, sa famille bourgeoise la fait interner pour déviance sexuelle.

Afin d’échapper à son calvaire, de quitter son asile de Chicago, avec la complicité de Martha, elle accepte de rejoindre les prisonnières des pénitenciers, les insolvables, les folles et d’épouser un indien. But de l’opération : donner naissance à des petits Cheyennes pour aider à l’assimilation « des sauvages »…

« Franchement, vu la façon dont j’ai été traitée par les gens dits « civilisés », il me tarde finalement d’aller vivre chez les sauvages », note-t-elle dans son journal intime.

Achetant sa liberté au prix de son ventre, May se fait de nombreuses amies : Miss Flight l’ornithologue, Gertie qui se fait passer pour Jimmy, Phemie qui ne porte qu’un pagne d’homme dès que le temps le permet, et tout autant d’ennemis : le révérend Hare, corpulent missionnaire de l’église épiscopale qui tripote les petits indiens et Jules Seminole un irresponsable, violent et violeur.

Le capitaine John Bourke tente de dissuader May de s’unir à un barbare, mais, malgré l’attirance qui la pousse vers cet homme, elle persiste dans sa voie et épouse le chef Cheyenne, basané, brun comme une châtaigne, à l’ossature fine nouée de muscles vigoureux, doté d’une agilité féline, avec une vraie noblesse d’attitude. Dans le wigwam : son futur mari, ses deux autres épouses, une vieille bique et une jeune femme, un garçonnet et un bébé ! Little Wolf n’est pas d’une nature loquace et l’intimité difficile à obtenir…

Bien qu’on lui serve du chien bouilli, bien qu’elle soit de corvée pour tanner les peaux, elle apprend à aimer sa vie au grand air, se baigne par tous les temps dans la rivière, monte à cheval et s’habille en peau d’antilope.

Afin de diminuer les tensions entre les concubines, les Cheyennes épousent souvent des sœurs. La nudité est un état naturel chez les Indiens, May se met au goût du jour. Elle se badigeonne d’une concoction à base d’argile rouge sombre et de graisse ou de suif pour protéger sa peau claire. Cette pratique a sans doute donné le mot « Peau-Rouge ». Ici, on se débarrasse de l’eau morte (qui n’a pas servi la veille) pour aller chercher de l’eau vivante.

Lorsque les guerriers reviennent avec leur macabre trophée : les mains droites de douze bébés shoshones… May note ceci dans son journal : J’aurais voulu parler de « mal » mais ni le mot ni le concept n’existent dans la langue cheyenne, et c’est peut-être là que le bât blesse…

Désormais elle est appelée Mesoke, attend un enfant, accouche d’une fille qui ressemble étrangement au capitaine Brouke… et éprouve pour Little Wolf une affection plus volontiers filiale que conjugale.

May réussit à imposer la loge à suer pour les femmes : une révolution.

Puis, les soldats fondent sur les Cheyennes, May assiste, impuissante, à l’agonie de son peuple d’adoption et meurt en serrant ses chers cahiers contre elle.

Un beau livre, un beau voyage chez un peuple qui s’est battu avec courage et détermination pour protéger ses terres contre l’invasion blanche et sauvegarder son mode de vie. Le sujet n’est pas démodé, et encore bien d’actualité partout dans le monde.

Seattle ou Sealth (vers 1786 - 1866) fut un chef amérindien de la tribu des Duwamish connu pour un discours adressé au gouverneur Isaac M. Stevens en 1854.

Seattle ou Sealth (vers 1786 - 1866) fut un chef amérindien de la tribu des Duwamish connu pour un discours adressé au gouverneur Isaac M. Stevens en 1854.

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D
MOi aussi j ai adoré ce livre , <br /> Parti d un fait divers passe inapercu, ce roman nous incite à réfléchir sur la valeur humaine et les a prioris , l heroine MayEvolue entre 2 hommes et leur culture que tout oppose jusqu'à aller au bout de sa conviction ,
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N
Merci pour ton commentaire. Et tant mieux si tu as passé un bon moment avec cette femme extraordinaire : May. <br /> À bientôt. <br /> Nicole.
N
une très bonne lecture qui nous décrit une vie de femmes, pas si lointaine que çà, si l'on veut bien regarder autour de nous.....que veut dire le mot &quot;liberté&quot; ....s'imposer pour une vie meilleure, un respect - laisser de côté certaines coutumes tout en gardant son histoire...et surtout ne pas oublier les origines.....mais évoluer
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