Bernard Minier : Le Cercle

15 Octobre 2013 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet Publié dans #j'ai lu

Le Cercle de Bernard Minier

Revoilà les mêmes personnages que dans Glacé le premier livre de Bernard Minier (voir mon blog) : le commandant Martin Servaz hanté par des souvenirs familiaux ancrés dans son esprit reptilien, sa fille Margot, le lieutenant Espérandieu, Irène Ziegler, Samira, le fantôme du Suisse Hirtmann qui s’est échappé de l’Institut Wargnier…

Martin a deviné en Hirtmann un homme, qui comme lui, détestait la vulgarité des loisirs modernes, la stupidité consumériste des générations actuelles, la pauvreté de leurs centres d’intérêt et de leurs goûts, la platitude de leurs idées, leurs comportements moutonniers et leur incurable philistinisme.

On est à Marsac, une ville universitaire qui enfreint toutes les lois en terme de quotas de logements sociaux. Et pour cause : il n’y aurait presque personne à mettre dedans ! Professeurs d’université, cadres, banquiers, pilotes de ligne, chirurgiens, ingénieurs… peuplent la cité.

On est en Juin 2010, c’est la coupe du monde de football. À la division des affaires criminelles, on ne parle que de ça. Martin Servaz se demande si une troisième guerre mondiale les aurait préoccupés davantage !

Winshaw signale un problème chez sa voisine d’en face : Claire Diemar, professeur de langue et de culture de l’antiquité vient d’être assassinée, pendant un match de foot qui collait aux écrans de télévision le pays tout entier. Chez le poète Winshow, sur un petit meuble, ouvertes, une Torah, un Coran et une Bible. Il appelle ce coin Le Coin des Enfoirés.

Hugo est suspect numéro un. David, Virginie et Sarah ses amis sont poursuivis par Margot et Elias. Ces six jeunes sont tous scolarisés dans une école prestigieuse qui prépare aux hautes études. Ils ont tous Francis Van Acker comme professeur.

Hugo est le fils de Marianne que Servaz a aimé.

« La pomme ne tombe jamais loin du pommier, dit Van Acker en parlant du travail scolaire de Margot. Ce sera encore mieux quand elle aura compris que l’anticonformisme systématique est une autre forme du conformisme ».

Paul Lacaze, l’étoile montante de la droite, est dans le collimateur de la police. En tant que député il touche 8859 € par mois pour la rémunération de ses collaborateurs, sa propre indemnité parlementaire s’élève à 5189,27 € et une généreuse indemnité représentative de frais de mandat de 6412 € brut lui est allouée… Ces chiffres me font frémir. Qui peut me dire si c’est vrai ?

Cette phrase de Victor Hugo « Ami est quelquefois un mot vide de sens, ennemi jamais. » est écrite dans un cahier tout neuf sur le bureau de Claire Diemar.

« Il n’y a que la poésie pour dire l’incapacité de l’homme à appréhender le sens de notre passage sur terre. Et pourtant, si on lui donne le choix, l’humanité préfèrera toujours le football à Victor Hugo. »

Margot et Elias mènent aussi l’enquête, découvrent le cercle, découvrent qu’un accident de car a eu lieu. Servaz s’aperçoit que Joachim Campos le chauffeur, Claire Diemar la prof, Elvis Konstandin Emaz sont tous morts de manière suspecte.

Après bien des péripéties et des rebondissements, Martin Servaz va se reposer dans la province de Huesca, aux côtés de Pedro, un philosophe qui sait lire les cœurs ; Servaz lui, lit uniquement lire les mots.

Il y a des phrases de Minier que j’aime beaucoup :

Du pain et des jeux, rien de très nouveau. Au moins les gladiateurs mettaient-ils leur vie en jeu, ça avait tout de même une autre allure que ces gamins en short courant après un ballon. Le stade n’est que la version extra-large de la cour de récré.

Servaz maudit les publicitaires qui polluent le quotidien, les cerveaux et désormais la totalité des existences de la naissance à la mort avec leurs manipulations mentales.

La radio déclare : Dans ce pays, il y a un élu pour 100 habitants et un médecin pour 300 ! Vous ne croyez pas que ça devrait être le contraire ?

« On peut pisser sur le peuple s’il croit que c’est de la pluie » dit La Baleine un politicard véreux.

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