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"Mon cœur contre la terre" est un magnifique roman d’Éric De Kermel

4 Février 2025 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet Publié dans #coup de coeur

Mon cœur contre la terre

La nuit dépose une à une les étoiles dans le ciel

Un jour je serai un arbre

Mon cœur contre la terre est un magnifique roman d’Éric De Kermel dont je vous ai déjà parlé. Fidèle à son style limpide, sincère, simple, tendre, direct, émouvant, riche et documenté, tout comme dans La libraire de la Place aux herbes, l’auteur se met dans la peau d’une femme. Je ne vous dévoilerai pas les secrets à découvrir au fil des pages mais j’espère vous donner envie de parcourir la vallée où se cachent bien des merveilles.

L’héroïne Ana, une éco-guerrière qui a la réputation de ne rien lâcher, teste les produits que les sociétés chimiques souhaitent mettre sur le marché pour traiter jardins, vergers, champs, animaux… Pourtant avenue de l’Opéra, elle sombre : burn-out, comme on dit aujourd’hui dans notre langage mâtiné d’anglais. 

Elle connaît le remède : changer son air intérieur, retrouver sa montagne, sa vallée de la Clarée et rester assise sur le rebord du monde en veillant à ne pas devenir totalement misanthrope.

Émilie Carles a écrit dans cette même vallée La Soupe aux herbes sauvages et a mené un combat pour qu’une voie rapide ne vienne pas défigurer ce lieu unique.

Dans la vallée de la Clarée, pas de cagole à talons hauts mais seulement des montagnardes !

Ici, a grandi Anna qu’on appelle Nanouche. Elle voulait être écologiste comme sa mère, la première écolo qu’elle a rencontré : celle qui n’a jamais jeté un sac en plastique, qui gardait l’eau avec laquelle elle lavait les légumes pour la donner aux plantes, qui roulait sur son vieux vélo et ne s’achetait une nouvelle casquette que lorsque a vieille ressemblait à une serpillière. Comme ses ancêtres, elle avait depuis longtemps compris que la sobriété n’empêchait pas la joie et que bien souvent elle en était le chemin. Découvrant qu’écologiste n’était pas un métier, Nanouche est devenue écologue : une scientifique qui étudie les relations que l’homme entretient avec la nature.

Ana raconte le pays de son enfance : il n’est pas rare de compter le même jour plus de trois cents personnes à gravir les 4810 mètres du mont Blanc ! Elle se demande s’il faut limiter la fréquentation ou accepter de sacrifier ce lieu afin de permettre aux autres de rester des sanctuaires sauvages ?

Et, moi je me demande si en Ardèche, il ne faut pas encourager le saccage du site du pont d’Arc récemment bien défiguré et surpeuplé l’été pour mettre à l’abri quelques endroits intouchés ? 

Là-haut dans les alpages où torrents, lacs de montagne, et berger guettant le loup sous les sommets qui tutoient le ciel, Nanouche rencontre Thomas.

— Il est beau ton patou. Il a l’air bien dressé en plus, lui dit-elle.

— Élevé. Pas dressé !

— C’est quoi la différence ?

— La différence c’est la relation. On peut imposer le respect mais la confiance, ça se gagne. Cela suppose une relation d’écoute. Réciproque. Avec un chien c’est comme avec un cheval. Le but, c’est qu’il ait confiance, pas qu’il ait peur. Alors on peut l’élever. Pas le dresser.  

La guérison d’Ana est en cours. Elle s’interroge. Notre planète est recouverte de cette fine couche d’humus qui est indispensable à la vie. Cette matière organique est composée de tout ce qui est mort et s’est décomposé. Pourquoi l’homme, espèce au milieu des autres espèces, échapperait à cette loi universelle ? N’est-il pas rassurant qu’il soit à sa mesure lui aussi capable de contribuer au cycle de la vie ? N’est-ce pas cela la vie éternelle à laquelle nous participons en contribuant à cette expansion infinie de l’univers ? J’aime l’idée de la dispersion de mes cellules dans la terre puis dans le fruit que mangera l’oiseau qui aussi un jour rejoindra la terre et nourrira ainsi la spirale de la vie où tout se lie et se relie sans cesse. Savoir que je serai un jour un arbre est un joli projet de mort.

J’apprends que sur l’île du Spitzberg, dans l’archipel du Svalbard se trouve The Global Seed Vault. Là, sous la roche et la glace, sont stockées toutes les semences confiées par les États à l’Onu. La France n’a pas encore rejoint le programme… 

Je vous recommande ce Cœur contre la terre.

Au printemps, je programme une balade à Uzès et une sortie dans la vallée de la Clarée sur les chemins d’Éric de Kermel.

Le pays de mon enfance

Le pays de mon enfance

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