Menerbès e Carcassès, la Rabasso à l'honneur
VILLENEUVE MINERVOIS DANS L’AUDE - CAPITALE D’UN JOUR DE LA TRUFFE
Les 4 et 5 octobre 2012, Villeneuve-Minervois a été le théâtre d’un événement majeur : un rassemblement d’un demi millier de trufficulteurs de tous bords, des Occitans en majorité venus des départements limitrophes, mais aussi des Français du nord puisque la truffe « monte » et des Européens voisins. Point commun à tous ces pèlerins : la passion de la rabasse.
Dans notre région, les Tricastins, des gens de Crest, de Die, quelques Ardéchois aussi.
Sitôt débarqués du car où les conversations allaient bon train, une visite de truffière sous la houlette de son propriétaire, pour qui la trufficulture est une thérapie. Des petits arbres rabougris mais vigoureux où les sangliers sont chassés grâce à des boîtes contenant des cheveux humains ! Pour la petite histoire, on peut aussi disposer en bordure des morceaux de chiffon imbibé de sang de bœuf ou d’huile de cade. J’ai appris que quand il pleut le 16 août, pour Saint Roch, la truffe pousse sur le roc.
L’après-midi, un tour dans la vallée de la Clamouse où un joli village semble barrer la vallée encaissée. Là un trufficulteur oléiculteur viticulteur plante des arbres qui escaladent les pentes jusqu’à la garrigue qui flirte avec le ciel. On a une vue d’ensemble en grimpant jusqu’au gouffre géant de Cabrespine.
A la tombée de la nuit, visite de la Cité de Carcassonne : sa porte Narbonnaise qui donne accès à la lice, ses remparts gallo-romains marqués du sceau de toutes les époques, son château construit par les vicomtes Trencavel, ses différentes tours. La forteresse, prise par Simon de Montfort lors de la croisade albigeoise, est ensuite passée aux mains des Français. Ce moment fut donc un rappel de notre histoire : le génocide occitan ou comment le roi de France et son acolyte le Pape ont volé le pays d’oc, sa langue, son patrimoine, son territoire et ses richesses.
Le lendemain à Villeneuve-Minervois les rencontres de la trufficulture ont rassemblé les scientifiques, les associations locales, les syndicats, les chevilles paysannes du Gard, de l’Aude et d’ailleurs et bien sûr la Fédération Nationale et son fidèle ambassadeur Jean-Charles Savignac autour d’un seul et même mot d’ordre : la truffe.
J’ai cru voir quelques sourires narquois sur les lèvres des gens de terrain en entendant parler de la dynamique des communautés ectomycorhiziennes en truffière naturelle méditerranéenne, des sources de carbone de l’ascocarpe de Tuber melanosporum ou du type sexuel de la truffe… Toutefois un silence religieux régnait.
J’étais là avec mes Rabassière, j’ouvrais grand mes oreilles en écoutant parler quelques infatigables trufficulteurs, un très célèbre et très modeste pépiniériste nommé Martin et d’autres « tombés » dans la truffe.
Alors pourquoi pas une escapade au sud pour visiter Carcassonne, la maison régionale de la truffe de Villeneuve-Minervois, les châteaux cathares : Quéribus, Lastours, Puilaurens, Peyrepertuse, un tour sur le canal du Midi avec le passage d’une écluse et la soirée autour d’une omelette à la rabasse ou d’un cassoulet. Un voyage miniature pour se dépayser.
Sans oublier toutefois que le Tricastin est le plus grand bassin trufficole d’Europe ! Que le syndicat de la truffe noire Tricastin-pays de Grignan-enclave des papes et son président Eric Saulier se préparent pour une bonne récolte…
Nicole Faucon-Pellet