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Dominique JOYE s’en est allé

4 Septembre 2015 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet

Dominique Joye ne verra pas l'automne

Tu es parti en cette fin d'été, ce jeudi 3 septembre 2015, au petit matin, entouré de ta femme Marie-Jo et de tes quatre enfants. Tu étais écrivain, poète et déclamateur à la voix puissante de ténor, marcheur, photographe.

Poésie et musique

Jamais je n’oublierai mon émotion en t’écoutant interpréter Le Condamné à Mort de Jean Genêt ou Combien de temps encore de Jean-Louis Dabadie, dans le silence religieux de la maison diocésaine Charles de Foucauld dite Grand Séminaire à Viviers, en 2013. Tu étais accompagné par Bernard Tranchant à la guitare, ton ami aux inflexions digne d’un Ferrat.

Les thèmes de Genêt et de Dabadie étaient-ils prémonitoires, Dominique ? En tout cas, tu n’en montrais rien et tu as gardé ces deux dernières années confiance en toi, un bon moral et le désir de te sortir de cette sale maladie qui ne t’a plus lâché.

Balade et photo

Dominique était grand, bien fait de sa personne, des yeux bleus et une moustache à la Dali, un homme charmant à la carrure de rugbymen, avec un cœur en or, une honnêteté irréprochable. Il aimait marcher dans la campagne de son quartier dans la banlieue parisienne à Jouy le Moutier où il vivait Rue des Lapereaux que nous appelions en riant Rue de l’Apéro, dans une grande et belle maison où il cultivait des fraises et des tomates.

La photo, une autre de ses passions, l’entraînait à barouder pour saisir l’instant magique. D’un coucher de soleil sombrant dans la mer, à un champs de tournesol tourné vers un ciel d’orage, la nature savait le séduire ; son œil devenait alors celui d’un peintre et ses clichés s’alliait à ses textes, comme ses « Flaques du Jour » qu’il aurait voulu publier sur du beau papier. 

Paysan dans l’âme

Il a toujours rêvé d’avoir une ferme. Avec son premier argent de poche, il a acheté des poussins et ce fut la naissance d’une passion. Il devient conseiller avicole pour l’Afrique du nord, il a vécu en Belgique, fréquenté l’Irak, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, Chypre, le Yémen du nord, le Kenya et l’Ouganda avant de finir sa carrière en Anjou : près d’un demi-siècle dans le monde agricole et paysan.

Tes livres

Ton nom de famille « Joye », il faut le prononcer « Joie » et la joie tu l’incarnais. Et te voilà parti, mon saltimbanque des temps modernes, toi que vendais en 68, sur le boulevard Saint Michel, ton premier recueil : La pluie, la mer, le soleil.

Toi qui a publié Viens on t’invite au voyage, un récit racontant ton pèlerinage pédibus sur la route de Compostelle : 1700 kilomètres d’effort, de solitude, d’enthousiasme, mais aussi de rencontres de bonnes âmes, d’arnaqueurs, de vantards et de vaincus.

Tu accumulais les prix de poésie : sarment d’argent au 14° printemps des poètes de Sartrouville, pour Nostalgie, médaille de Bronze des Lettres de L'Académie Internationale de Lutèce  pour Saisons de Nuit, deuxième grand prix international de la ville de Plouzané pour L’eau de ton cœur, grand Prix de la ville d’Épernay pour Chemins d’automne, premier prix de l’édition pour Pinceaux de plume, flammes vives lauréat prix Jean Aubert pour Au rivage de mes yeux

Ton engagement

Tu te présentais volontiers sur les scènes ouvertes au Café Montmartre à Paris avec des partenaires interprètes, comédiens ou chanteurs.

Tu étais président de l’Écritoire et membre des Poètes du Dimanche.

En 2012, au théâtre Saint-Vincent, tout près de l’Oise, tu as été élu à l’unanimité président de l’Association des Écrivains et Artistes Paysans où tu as œuvré sans compter ni ton temps ni ton argent. J’étais secrétaire de l’association. Tu as démissionné en 2014, moi aussi, suivie par quatre membres actifs.  

Dans le métro

Lorsque nous allions au salon de l’agriculture, tu me récitais :

« Immobile, ouvrant l'œil à moitié sous ses voiles,

Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,

Avait, en s'en allant, négligemment jeté


Cette faucille d'or dans le champ des étoiles. »

Je t’écoutais, subjuguée. C’était Booz Endormi de Victor Hugo, poète que tu affectionnais particulièrement.

Discrétion

Tu avais choisi de déménager à Caen ; je te soupçonne d’avoir préparé ton départ avec pudeur. Tu avais pour projet de te mettre à la peinture : une autre de tes passions, tu n’auras pas eu le temps.

Malgré mon chagrin je me console en me disant que tu laisses tes écrits, tes photos, tes enregistrements et ta voix à nulle autre pareille.

Tu laisses aussi ta femme Marie-Jo et tes quatre enfants : Jean-Michel, Jean-Christophe, Jean-Philippe et Marie-Laure. Mes pensées vont vers eux aujourd’hui.

Scène d’été, un de ses poèmes

Mes pas s’incrustent dans le chemin

Où le paysage me porte

Avant de croiser le souffle du dernier sommeil.

Sous son regard de pluie,

Je brûle ma peau entre les nuages.

Si les cailloux me percent les pieds,

Si la poussière rougit mes paupières,

Je chante encore la prière du vent.

Dans les guirlandes de feuilles,

Derrière la dune sauvage,

Je respecte la nuit

Pour admirer les tourbillons d’étoiles

Où sa main tire le drap de l’aube

Jusqu’aux portes éteintes.

Escalier de lune,

La danse du jour me ferme les yeux.

Un dernier hommage

Amies, amis, proches et famille l’accompagneront pour une cérémonie religieuse célébrée en début de semaine à l’église St Jean de Caen. L’inhumation aura ensuite lieu au cimetière de Montcarville.

Selon la volonté de Dominique, ni fleurs, ni plaques mais une urne pour recueillir les dons au profit de la lutte contre le cancer. Un registre pourra aussi recevoir vos intentions et condoléances.

Adieu Dominique.

Dominique JOYE s’en est allé

Dominique JOYE s’en est allé

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J
Bonjour Nicole Faucon - Pellet,<br /> Je suis Jean-Michel JOYE, le fils aîné de Dominique. Je tiens à vous remercier pour ce très bel hommage fait à mon père. Votre article nous fait chaud au cœur et retrace très bien l'être qu'il était et restera à notre esprit. <br /> Merci beaucoup d'avoir honoré sa mémoire. <br /> Bien à vous, Jean-Michel
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L
Pas de commentaires. Seul le silence peut dire haut et fort combien ces êtres, tels que tu parles de Dominique, sont Bien-faiteurs de l'humanité ... Merci de m'apprendre qu'il existe !
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