L’essence de lavande dangereuse !
L’essence de lavande dangereuse !
Jusqu’où iront les technocrates de Bruxelles ?
À l’entrée du village de Saint-Remèze, sur une parcelle cultivée par un jeune agriculteur, un panneau m’a intriguée : « La lavande n’est pas un produit chimique ».
J’ai moi-même voyagée couchée sur des charrettes de gerbes de lavande, dans l’odeur enivrante de ce parfum unique. Mon père conduisait le tracteur pour aller à la distillerie de Valaurie aujourd’hui disparue.
Encore maintenant, mes narines s’ouvrent, comme celles du matou à l’odeur de la souris, dès que je sens l’odeur de la lavande.
Seulement voilà, un rapport scientifique pondu par la Commission européenne prône l'interdiction de trois ingrédients potentiellement allergisants et une limitation drastique de l'utilisation de certaines substances naturelles :
— le géraniol, une molécule qu'on trouve en grande quantité dans le citron,
— le géranium ou encore la rose.
— le citral, composant des huiles essentielles de citron, de citronnelle, de mandarine ou d'orange, la coumarine, que l'on trouve dans les fèves de tonka et la lavande, ou encore l'isoeugénol naturellement présent dans l'ylang-ylang sont aussi sur la sellette.
Alors, la lavande un produit chimique !
Et pourquoi pas la truffe tant qu’on y est !
Ou l’odeur du bouc !
Ou celle du fumier !
Ou celle du chèvre feuilles !
Où l’odeur de la pluie qui martèle la terre sèche !
Ou l’odeur du poulailler !
Ou celle des tomates que je renifle dans mon potager avant de les cueillir et de les couper avec des remerciements !
Et que dire de la datura, de la belladone, des champignons hallucinogènes, de la morelle noire, de la digitale, de la ciguë, de la mandragore, du laurier rose, du pavot, du gui, de la colchique, du cannabis…
La centrale nucléaire, elle n’est pas chimique ? Ni les pots d’échappements ? Ni le gaz de schiste ? Ni le lindane, ni le bisphénol, ni les pesticides ?
Je crois rêver !
Est-ce que Bruxelles veut la mort des pays méditerranéens cultivateurs de lavande ?
Est-ce que Bruxelles veut détruire notre culture qui utilise depuis des millénaires cette essence de lavande aux vertus reconnues ?
Est-ce que Bruxelles veut anéantir les derniers paysans ?
Est-ce que Bruxelles veut que le midi devienne une zone pastorale et touristique, où les bergers seront rémunérés comme les fonctionnaires pour garder de jolies brebis frisées qui ne chieront pas par terre (on ne sait jamais ça peut polluer ! ).
Bruxelles veut nous transformer en bronze cul géant de l’Europe, en vaste zone verte où nulle pale d’éolienne tourne (on sait jamais ça peut pulvériser un aigle !), en zone dépourvue de transport, d’usine, de vie.
Bruxelles veut nous transformer en un pays à deux vitesses avec des hivers moroses et des étés destinés à accueillir des citadins en manque de chlorophylle.
Bruxelles veut nous transformer en village arts et déco, ou le consommateur s’empoisonnera dans les pizzérias et points chauds qui détrôneront le restaurant traditionnel.
Bruxelles veut nous enfermer dans des ghettos où la nature et les hommes enfin domestiqués obéiront au doigt et à l’œil au maître suprême.
Là où j’habite, à côté de Saint-Remèze, le département (la région-l’Etat) financent l’espace de restitution de la Crotte Chauvet. Des murs en béton hideux font un rempart au dessus de Vallon Pont d’Arc. On s’apprête à ouvrir un « barreau » pour canaliser le flux des touristes qui viendront s’extasier devant des peintures rupestres pendant que nos derniers paysans agoniseront sous les nouveaux règlements.
Il est temps de réagir contre la barbarie.
Il est temps de bouter hors du territoire tous ces technocrates qui veulent s’approprier notre pays.