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Louis-Olivier Vitté, La Guérisseuse de Peyreforte

28 Juin 2014 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet Publié dans #j'ai lu

Louis-Olivier Vitté, La Guérisseuse de Peyreforte

 

Julie, dix-sept ans, abandonne Peyreforte, sa mère et sa grand-mère pour « monter » se louer à Paris chez le docteur Victor Vergnoles et son épouse Adrienne, tous deux originaires de Corrèze, qui l’embauchent pour garder leurs enfants : Jean et Emilienne.

Habituée aux chemins de pierre dans la colline et aux chemins de rive le long de la Dordogne, ici tout lui paraît étriqué, l’air qu’elle respire, l’espace autour d’elle, cette grande verrière sale qui lui masque le ciel et les oiseaux. Avec son teint coloré, sa robe de coton mal fagotée et ses cheveux noirs bien coiffés en chignon, elle tranche parmi tous ces visages aux regards éteints.

Rencontré sur le quai de la gare, Pierre l’aide à trouver son chemin jusqu’à Trinité.

Elle prend soin de ne pas parler son patois du Limousin.

Logée sous les toits, elle côtoie l’étudiant Antonin, Anne, bonne chez le juge, son bébé et  son mari Jean, la vieille Lapoigne, une domestique qui la rudoie.

Dès qu’elle a un moment de disponibilité, Julie pioche dans la bibliothèque du médecin, dévore les ouvrages médicaux. Le matin, lorsqu’elle sert le café à son patron, elle pose des questions : qu’est ce qu’une parturiente, comment réduire une fracture, comment soigner les ulcères… S’intéressant à ses malades,  elle demande des nouvelles, suit l’évolution de leur guérison, enregistre tous les mots savants de Victor. Il l’emmène un jour à l’hôpital où il exerce, lui fait passer une blouse blanche tandis qu’elle suit l’équipe de chambres en chambres. Dès lors, Julie a vraiment le virus. Elle pense à des plantes qui pourraient soigner.

Cette vie n’aura qu’un temps. Julie, enceinte des œuvres de Pierre doit quitter Paris et retrouver Peyreforte. La fille-mère bannie continue ses recherches, la passion de sa vie, étudie les vieux almanachs, cueille les simples tout en maintenant une correspondance assidue avec Victor qui répond à toutes ses questions.

Petit-Pierre son enfant pousse bien.

— Fais comme le vieil Eugène de la grange de Vent-Haut, devient rebouteuse, lui dit Victor au cours de son séjour estival au village.

Dès lors, Eugène la forme. S’il raccommode les entorses, il recommande aussi d’écouter le patient, de le rassurer, de l’aimer.

— Le feu, c’est le plus dur, petite. Je le prends en moi. Il passe de la brûlure à mes mains, dans mon corps. Ca me chauffe partout ensuite.

Pierre la retrouve et apprend sa paternité. La notoriété de Julie s’installe. Le nouveau médecin Gérard lui fait une cour qu’elle ignore totalement, toute investie de sa passion : les soins. Elle participe à des réunions d’information sur les médecines nouvelle, construit un cabinet, avec deux chambres aux côtés de la ferme familiale. Les herbes de Julie sont impuissantes à calmer les tumeurs ;  Gérard la met en garde contre la colère du conseil de l’ordre.

Le jeune journaliste Élisée veut écrire son histoire ; elle refuse.

Le fondateur des usines Soubise la consulte. Le monsieur est riche, elle hésite. Il souffre d’aigreurs à l’estomac, les remèdes des médecins ne servent à rien. Elle lui prescrit des infusions, des cataplasme de farine de lin, lui conseille d’éviter les aliments acides puis ajoute :

— Vous avez mal parce que vous ne vous respectez pas assez. Votre corps vous punit… Pour vous guérir je vous conseille d’oublier tous vos soucis pendant quelques jours.

Soubise s’installe alors dans une des chambres de Julie. Ses héritiers le kidnappent, accusant Julie de vouloir lui dérober sa fortune… La gendarmerie s’en mêle. La vie de la guérisseuse bascule.

Petit Pierre a grandi. Sa fiancée Amandine réussit à sortir Julie de sa torpeur. Élisée écrit l’histoire de la guérisseuse de Peyreforte, que les nombreux bien-pensants ont anéantie.

De quelque milieu qu’il soit issu, l’homo sapiens n’aime pas la concurrence. Son principal combat : empêcher les autres de réussir, mettre des bâtons dans les roues, utiliser toute son énergie pour nuire. C’est réussi.

Un très beau livre. 

Elle prend soin de ne pas parler son patois du Limousin

Elle prend soin de ne pas parler son patois du Limousin

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