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Le Forgeron de la Liberté de Georges Patrick Gleize

7 Janvier 2014 , Rédigé par Nicole Faucon-Pellet Publié dans #j'ai lu

Georges Patrick Gleize, Le Forgeron de la Liberté.

Sur les contreforts du Razès, là où l’Aude annonce l’Ariège, à Loupia, Julien Bénazet est apprenti commis de forge chez maître Costesèque. Un des employés, Ernest, a pris en affection ce pitchou dont la mère est décédée et dont le père, Jean Bénazet, nommé Taychou, alcoolique notoire » est violent. Ce matin là, le père Bénazet se déchaîne et manque tuer son fils.

Dès lors, Julien s’en va avec en poche un mot de recommandation de son patron et quelques adresses.

À Carcassonne, Julien croise la tenancière d’un bar. Je vous laisse déguster la description : « D’immenses poches bleuâtres sous les yeux lui tiraient le regard jusqu’à la base du nez qui s’ornait chez elle d’une mâle pilosité peu défrichée. Une lippe libidineuse lui faisait trois plis sous le menton, transition qui servait de cou à une poitrine flasque et mafflue. Ses bras courts, se terminaient par des mains carrées aux ongles noirs qui ressemblaient à ces battoirs à linge que les lavandières utilisent au lavoir pour chasser la crasse des draps. Un casque à mèche laissait passer une touffe de cheveux grisâtres et, à la voir, on eût pu douter qu’elle fut un jour une jeune fille en fleur tant elle exhalait un parfum de graisse rance que d’aucuns eussent qualifiée de vieux suif. »

Heureusement, le père Fabre habite aussi la cité des Trencavel et abrite le jeune garçon un jour ou deux avant qu’il ne reprenne sa route vers Paris.

On est en 1869 ; la journée légale du travail est fixée à douze heures par jour…

Julien passe à Rodez pour éviter le Limousin où les forêts sont peuplées de loups, à Aurillac, traverse l’Auvergne par le chemin de fer, arrive à Issoire, puis à Nevers où il prend le coche d’eau jusqu’à Paris pour arriver enfin chez Léopold Champeix « Bois et Charbon » recommandé par maître Costesèque.

Veuf de longue date, Champeix « a rangé sa libido au magasin des accessoires et, une ou deux fois par an, quelque ouvrière du bordel voisin suffisait à le satisfaire ».

Sur ses conseils, Julien s’embauche aux usines Duchaussoix dans une banlieue populeuse garrottée par la misère. Si l’ambiance était rude mais somme toute chaleureuse à la forge, le travail d’usine est harassant.

Julien rencontre Joseph Moreau, un orphelin qui vient de la Creuse, et Marie son amie.

« Tous ces artisans de la révolution industrielle, ces prolétaires nouveaux qui, pour beaucoup, avaient fui la campagne et le travail de la terre, en espérant trouver le bonheur dans une ville-mirage où ils n’avaient fait bien souvent que changer de misère ».

« Julien rêve du Midi, là où les cyprès frémissent au vent marin, là où les vignes en septembre dorent au soleil dans le bruissement des élytres des cigales ».

Julien apprend la mort de son père. Son petit frère Paul est pris en charge par l’oncle Honoré.

1870 : l’empereur convoque les Français aux urnes. Au cours d’une émeute, Julien sauve le lieutenant de Saint-Hilaire désarçonné par son alezan.

Suite aux manœuvres provocatrices de Bismarck, la France se retrouve en guerre contre la Prusse. L’anthracite disparaît de la capitale, on crève de froid et de faim. « Le rat se vendait deux sous l’unité, suspendu par la queue à l’étal des boucheries, dérisoire rôti qui faisait néanmoins saliver les papilles d’un peuple à bout de nerfs ». Paris entre en rébellion contre le gouvernement de Thiers à Versailles. Joseph est garde national. Marie, ambulancière, disparaît soudainement. Les deux jeunes décident de fuir. Sur le point d’être fusillé, Julien et Joseph croisent la route de Saint-Hilaire qui leur fait un sauf-conduit pour racheter sa dette.

Après trente six heures de voyage, ils arrivent enfin en terre occitane. Pamiers, porte d’entrée de l’Ariège, Mirepoix, puis Engraviès, « la vallée du Douctouyre au sommet des collines qui constituaient le piémont de ces Pyrénées ariégeoises ».

Julien retrouve l’oncle Honoré, le frère second de son père, et entraine son ami Joseph dans une nouvelle vie.

Toinette, une mémine fait la cuisine : « C’était une pomme ridée et dans son visage parcheminé, creusé de gros sillons, seuls les yeux qui brillaient intensément venaient rappeler qu’elle avait eu aussi, en son temps, une jeunesse et un teint de pêche ».

Ils apprennent tout du monde de la vigne. Julien retrouve son frère Paul.

J’aime certains passage : « Ils se frottent les mains, les trempant de temps à autre dans une petite caisse remplie de cendres, de sable et de fleurs de saponaire qui remplaçaient avantageusement les pains de savon trop chers ».

Honoré meurt d’une pleurésie tandis que Julien épouse la belle Mathilde et que Joseph retrouve sa Marie.

Tout est bien qui finit bien.

Paysage de vigne sur le plateau de Vinsobres. Photo Pellet Jean-Marc

Paysage de vigne sur le plateau de Vinsobres. Photo Pellet Jean-Marc

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C
Coucou, Nicole!<br /> ça a été très rapide hier soir , vu mon heure d'arrivée!<br /> on espère vous revoir vite!<br /> bises!
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